[ LES AMOURS PARTAGÉS ]

FUITE TACITE. CHUTE TRAGIQUE.

[ MUSIQUE ] PLAYLIST DE L'HIVER

BOUCLE BOUCLÉE POUR CHAUSSURES MAL LACÉES | REAL LIES / HELENA HAUFF / PAULA TEMPLE / WHOMADEWHO / D.A.F. / KINDNESS

[ TEXTE ] LES AMOURS PARTAGÉS

L'INSOLUBILITÉ À L'EAU

[ MUSIQUE ] LA PLAYLIST DE L'ÉTÉ PASSÉ

IN AETERNAM VALE / GRAND BLANC / GAY CAT PARK / JESSICA93 / MARIE MADELEINE | [colonne musicale pour vertèbres déplacées]

[ RENCONTRE ] Fou amoureux de.. CLÉMENT.

"Vous croyez qu'on réalise ses rêves ?"

mercredi 24 juin 2015

[ TEXTE ] RÉTRO-FUTUR DU SENTIMENT / 2287 #3

© Sonya Kyydeva.
[ parce que nous ne sommes d'ici, que pour là-bas, avant comme hier, des fantômes de ce qui sera, des ancêtres de ce qui a, un jour, été. Par ici comme par ailleurs, ton regard à travers l'opacité vaporeuse, comme un élixir de déjà-vu. Pour ici comme pour ailleurs, rien ne sera comme il a, un jour, été question de se retrouver. Tout s'enchaîne. Tout se fait suite. Inconsistance du temps qui passe. Tout se ressemble, et s'assemble dans nos dos décharnés. Tout se démembre. Le futur est dur. Et file plus vite qu'avant. Nos amours sont les mêmes. Fragiles. Immoraux. Sans limites. Absurdes. Sans réalité. Ni sécurité. Par ici comme par ailleurs, ton regard à travers l'opacité vaporeuse, comme un élixir de déjà-vu. ]

| lire le début : 2287 #1 | 2287 #2 |

"J'aurais voulu que tu meures dans mes bras". Ses mots me frappent d'un coup alors que je pousse la lourde porte du Silex. Le métal grince, et j'entends mon coeur, un peu plus bas, qui s'éteint encore un peu. Mon désir assassin, tranquille, me crie de faire marche arrière. Je la sais. Là-bas. Seule. Face à la fenêtre béante. Et à mes silences pendants. Je la sais silencieuse. Là, dans le brouillard de sa propre existence. Dans la fumée grise de son quotidien. À n'penser à rien. À rien d'autre qu'aux jours qui arrivent. Qui arrivent et qu'elle n'écrira pas. Je la sais là. Au dernier étage de sa tour sans fin. Impossible à libérer. Immobile derrière sa cigarette, transcendée par le vide, et les angoisses qui lui chantent dans l'estomac. Elle part un peu, déjà, alors que les secondes filent dans ma tête. Que mes pas me séparent de son ombre. Et que sa lumière s'égratigne, là, contre la surface vitreuse de l'oubli qu'elle étreint. Je ne la sens plus. Je la sais partie. Et la gerbe me secoue l'oesophage. Dans un coin, je m'épanche et je vide. Le trop-plein des silences malsains. Je ne la sens plus. Déjà. Mais je la sais partie. Entraînée par sa chute, le visage gonflé par les larmes, et mon coeur à la main. Moi aussi, j'aurais voulu pouvoir mourir dans ses bras. Moi aussi j'aurais pu sauter, tu sais.

Seule au comptoir, je fais claquer ma chevalière contre mon verre. Musique industrielle pour désirs cruels, je laisse mon regard s'attarder sur les corps sans noms que je perçois à peine. Sur la laideur de certains visages, auxquels j'aspire avec raison. Rien de tel que de baiser sans passion. Pour un jour sans chaleur. Célébrer l'oubli. Le futur malingre. Conquêtes secrètes que l'on épingle. Pour le jeu, et les tableaux noirs que l'on remplit. Pour le geste. Juste pour le Geste. Et se faire moins mal. Un peu moins mal, tant qu'on le peu. Baiser sans feu. Baisser les armes avec ardeur et faire semblant. Se croire heureux. Le temps d'écrire un peu soi même. Sur les tableaux noirs du futur un peu rude. Une nuit qui n'existe pas. Que l'on inscrit sur une liste. Le temps qui passe. Les regrets que l'on ressasse. Au rythme du plaisir que l'on casse. J't'assure. Sans amour, les mains filent plus beau. Caressent plus dur. Donnent plus sûr. Le coeur, qu'on arrache d'un mot. Quand le matin vient. Et que les draps sentent la torpeur. L'odeur de la peur. Le désir robotique me ronge l'ennuie. Seule au comptoir, j'avale mon verre. En commande un nouveau. S'engouffrer dans la nuit. Sans jamais prétendre un jour s'en réveiller. J'avale le comptoir sans sourciller. Les corps dansent autour de moi. Musique industrielle pour sueur sans chaleur.

Sixième service. Des bras enlacent mon corps. Je ne tique pas. Je ne sourcille plus de rien. L'ivresse m'ennuie. L'ivresse m'endort. Je suis sans savoir. Me laisse emporter sans rien dire. Ma tête cogne un peu contre les parois métalliques. Des bras me portent en rythme. Des mains m'attrapent et me rattrapent. Les yeux fermés, je me balance avec excès. La sueur d'un corps vide effleure mes joues. Mon coeur cogne sans fracas. Le désir automatique remplace l'ennuie. J'embrasse des lèvres. Avale la sève. Mords sans appétit dans un corps. Toujours aussi vide. Me balance avec excès. Toujours aussi fort. Le coeur sans fracas. Dans la poitrine presque ouverte. À battre sans répit. Toujours aussi mort. Moi aussi, j'aurais voulu pouvoir mourir dans ses bras. Moi aussi j'aurais pu sauter, tu sais.

mardi 2 juin 2015

[ MUSIQUE ] ALLER VOIR LA MER, PUIS SAUTER | Blancmange / Talk Tall / The Durutti Column / Soft Cell / Der Plan |


© Andrew Lu.
Parce que le vent a cela d'excitant qu'il ne dure qu'un instant. Parce que les amours ont cela d'éprouvant qu'ils ne vibrent qu'un court moment. Café noir, à vider d'un trait. Renverser le coeur, essuyer le liquide poisseux qui colle à la table, claquer deux s'condes du talon, puis revenir à soi. Revenir à soi après le grand saut. Celui qui n'porte jamais la poisse. Celui qui abîme un peu. Mais qui nettoie l'âme, les restants de l'autre, et tous les artifices. Un soir, le hasard, et s'envelopper des frissons de la nuit. Essuyer le liquide poisseux qui colle à la table. Qui colle aux chaussures. Aller voir la mer, puis sauter. Parce que les vagues ont cela d'excitant qu'elles ne tuent qu'un instant. Puis sentir le feu. Le feu qui consume la peau. Sentir le coeur exploser. Laisser les fleurs derrière soi. Les fleurs asséchées des nuits folles. Les fleurs mortes là sur le sol. Et se réfugier en haut d'un arbre. Un arbre fruitier. Laisser le vent caresser la peau molle, les branches craquer sous le poids, puis les chaussures, encore, qui collent. Le silence, et les pétales qui volent. La fin de l'errance, et les larmes sèches, là sous le voile.