[ LES AMOURS PARTAGÉS ]

FUITE TACITE. CHUTE TRAGIQUE.

[ MUSIQUE ] PLAYLIST DE L'HIVER

BOUCLE BOUCLÉE POUR CHAUSSURES MAL LACÉES | REAL LIES / HELENA HAUFF / PAULA TEMPLE / WHOMADEWHO / D.A.F. / KINDNESS

[ TEXTE ] LES AMOURS PARTAGÉS

L'INSOLUBILITÉ À L'EAU

[ MUSIQUE ] LA PLAYLIST DE L'ÉTÉ PASSÉ

IN AETERNAM VALE / GRAND BLANC / GAY CAT PARK / JESSICA93 / MARIE MADELEINE | [colonne musicale pour vertèbres déplacées]

[ RENCONTRE ] Fou amoureux de.. CLÉMENT.

"Vous croyez qu'on réalise ses rêves ?"

mardi 8 septembre 2015

[POP-UP 08/09/2015 ]

Passe le bonjour à l'inconnu. À mes migraines. Mes maux de coeur. Et toutes les blessures qu'on mène sans peur. Passe le bonsoir à l'imprévu. À celui qui me l'a prise. À celle qui m'la rendue. Aussi. La fêlure morose. Du dimanche un peu rance. Passe le bonjour à c'qui n'est plus. C'que j'ai pas vu. Dans l'coin d'la porte. Samedi dernier. J'avais prévu. Que peu importe, les yeux volés. OU c'était dimanche. Je pointe l'interrogation. Sur le nez de ce qui est. Et je demande. À arpenter. À maugréer. Sur l'échine basse des égarés. Je rumine. J'use le "JE". Je verbalise l'agression. J'agresse ma dentition. Et je MAJUSCULE. Je pointe. Tout court. Je suinte. Tout sourd. Et je maronne. Sur la colonne courbée d'un édenté. Évente moi donc. Baise moi le nez. Casse moi la dent. Je grince d'impatiente. Octobre approche. Range loin ta science. Septembre est loin. Évite moi. Sec ! Salis moi. Carré ! Je pointe l'interrogation. Sur les MAJUSCULES du jour d'après.

vendredi 7 août 2015

[ POP-UP ]

On m'a dit un jour "j'serais incapable de raconter c'que tu racontes dans tes textes". J'ai évidemment demandé pourquoi. On m'a parlé de pudeur, d'intime, de timidité, de choses privées. Je n'sais plus bien c'que j'ai répondu. Mais j'ai du évoquer la force de l'habitude, du besoin aussi, j'ai du prétexter l'envie, et le naturel de tout ça. Le fait que j'me pose sur papier depuis toute petite. Le côté sauvage de l'écriture semi-automatique. Le côté libératoire, exutoire, puis le côté flippant de c'qu'on peut écrire d'un trait, comme ça, sans vraiment trop réfléchir. L'excitation de se faire s'enchaîner des mots qui ne s'aiment pas trop, de se faire s'attacher les unes aux autres des idées contraires. Puis la fascination de son propre inconnu, bien caché, profond, là, bien calé à l'intérieur de son soi, pas toujours joignable, mais parfois admirable. Tellement admirable qu'on se prend à le rappeler souvent. Quand la peur frappe. Que l'intestin se tord. Et que le coeur se serre. Son Inconnu. Qui se pend alors de tout son long sur les murs et aux fenêtres. Dans l'embrasure des portes, à la sonnette. Son Inconnu, l'alarme qui fait fondre l'âme, l'arm[e] qui met d'un coup la larme à nue. Son Inconnu à soi. La plus douce chose au monde. Le joker salvateur. L'érection anti-terreur.
Francesca Woodman.

mardi 4 août 2015

[ FICTION ] RÉTRO-FUTUR DU SENTIMENT | NUIT DE LETTRES SANS ATTELLES

De A à S, 
en passant par J.


© Sara Imloul.


Les pages blanches. Et les milliers de mots qui taquinent sans fleurir. Qui font qu'tu penches. Une fois sur dix. Les mots qui viennent qu'à moitié. Qui étouffent sans gémir. Sèchent sans rien dire. Qui grimpent. Arpentent en silence. Le long des colonnes, de toute la hauteur des gorges sèches. Des sexes tendus. Puis des langues dépliées. Sans crier gare. Sans crier court. Les coeurs déliés. Le goût du vinaigre. Qui apparaît dans la lumière. Au fond du four. Sans une prière. Et les corps qui se délitent. Chut. Fallait rien dire. Mieux vaut la chute. Et les murs qui courent. Les murmures carapaces. La main rapace. Qui t'rattrape. Comme si de rien. Mais c'est rien, en fait, ma p'tite. C'est rien de rien. 
J't'aime. J't'aime profondément. Toi que j'frappe. Toujours, un peu, trop loin. Toujours, sûrement, du poing. Mais. C'est que j'sais pas faire moins. J'sais mettre que des points. À la fin d'tes mots à toi. À la fin d'mes sursauts à moi. Mais je t'aime sans l'dire. T'as vu, j'le dis même en entier. J'pourrais dessus r'passer sans qu'tu l'saches. Mais j'vais laisser là. La p'tite trace, la p'tite preuve, la p'tite enflure. Parce que c'est pure puis pas peu sûr. J't'entends déjà. Tu peux toujours en rire. Mais j'préfère pouvoir l'écrire. Plutôt que d'm'en bouffer la langue. Et d'm'en crever les yeux. Plutôt que d'avoir à chanter la rengaine. De la meuf qui parle trop. Mais ne dit jamais rien. Jamais rien d'bien. Jamais rien d'bien mûri. Mais qui flanche sans arrêt pour un rien. Un rien presque toujours trop sien.
J'pourrais te l'dire de loin. De plus loin qu'ici. De plus loin qu'le plus loin de tous les lointains. J'pourrais te l'crier à la gueule. Te l'hurler. À l'intérieur, c'est bien seul. J'pourrais t'attraper la barbe et t'insulter. Puis m'blottir dans tes bras. Et me poser. Et reposer. Parce que le chaud. Le tout doux. Et l'éternité dans un verre de 8.6. Les sourires qui m'triturent l'estomac. De penser à  vous. À toi. Puis à toi. À toi aussi. Comme dans l'refrain de l'autre connard. Comme dans les beaux mégas nanars. J'pourrais faire l'canard aussi. Juste pour vous r'mettre deux s'condes. Puis plus jamais vous oublier. Plus jamais vous échapper. La vision d'l'étrange. Comme dans un livre presque volée. Gardée à tout jamais. Conservée dans une p'tite larme qui rame. Contre les courants maudits. Contre la poitrine. Croix de coeur. Poing de fer. Fer conquis. Je ris. Non, en vrai j'souris. 
Puis avec des "si". J'pourrais te l'dire tous les jours que j't'aime. Avec des "si". J'pourrais tenter un "j'te jure". Que j'reste là. Que vraiment j'pars pas. Juste une fois, et cette fois sans injure(s). L'ami volage, sans dur futur. Voter pour, oui oui, tout court. Voter court, oui oui, tous pour.  Pour les amours un peu sourds. Qui arrachent la nuit. Tant qu't'as encore l'oeil qui luit. Quand tu m'sens pas loin, le visage contrit, le corps tendu, de n'pas pouvoir m'atteindre. Avec des "si". Par milliers. J'pourrais m'retrouver. Sans toujours avoir à feindre. Retrouver l'ivresse, dans ta folie que j'caresse. Puis dans le leste que j'détache. L'attache que j'te fixe. Au bout du nez. Juste pour rire. Parce que c'est toi. Et pas un autre. Juste pour toi. Pas pour une autre.
Mais j'ai qu'ma ptite larme qui m'rame dans les veines. Mes p'tites mains comme seule attèles. J'peux rester là. Écrire un "j'te jure". Frémir des "je t'aime". M'cacher les yeux. Bander l'poitrail et t'attraper la barbe. Pas sans injure, cette fois. Mais rester là. Pourvu qu'tu fonces. Dans l'tas. Pour moi. Et pas pour rien. Parce que j'suis là. Pour toi. Pas pour quelqu'un.


mardi 14 juillet 2015

[ pop-up ] de crâne / le seul truc qu'on aura jamais assez mérité.

J'ai écrit c'truc débile. Y'a quelque chose comme cinq ou six jours. Puis je l'ai effacé. En fait, en vrai, j'l'ai gardé. Au fond d'une poche. Parce qu'il était moche. Ce texte. grossier. Pas fameux. Un peu coulant. Pas très aimant. Ça pète de l'autre côté de la rue. Les voisins s'attendent. Se servent des cafés. Il est presque 23h. Et j'dis beaucoup trop "buter". 
Paraît qu'elle parle souvent d'la mort la p'tite. On m'a fait la réflexion, pas plus tard qu'hier. Et j'ai compris sans comprendre. J'ai donc répondu sans répondre. Articulé sans pour autant dire grand chose. Il n'y a rien à dire de la mort. Rien à dire de plus qu'en mentionner l'existence. Son côté "protubérance de crâne". Qui devrait déranger, mais dont on s'contente avec raison. Dont on s'ne soucie plus. À force.  Comme s'il était bon, en fait. D'garder en tête que rien n'est bien sérieux. La mort. La p'tites morts. Les p'tits départs. Les vrilles que l'on console. Ce point-virgule en trop, derrière lequel on s'complaît l'air de rien. L'air d'y comprendre rien. Ce point-virgule que l'on annote, au quotidien qui n'ressent rien. Un détail, un détail absolu. Sans mixité aucune. Mais à la relativité toute propre. Aux contours lisses. Sans ambiguité. Le seul truc qu'on aura jamais assez mérité.

mercredi 24 juin 2015

[ TEXTE ] RÉTRO-FUTUR DU SENTIMENT / 2287 #3

© Sonya Kyydeva.
[ parce que nous ne sommes d'ici, que pour là-bas, avant comme hier, des fantômes de ce qui sera, des ancêtres de ce qui a, un jour, été. Par ici comme par ailleurs, ton regard à travers l'opacité vaporeuse, comme un élixir de déjà-vu. Pour ici comme pour ailleurs, rien ne sera comme il a, un jour, été question de se retrouver. Tout s'enchaîne. Tout se fait suite. Inconsistance du temps qui passe. Tout se ressemble, et s'assemble dans nos dos décharnés. Tout se démembre. Le futur est dur. Et file plus vite qu'avant. Nos amours sont les mêmes. Fragiles. Immoraux. Sans limites. Absurdes. Sans réalité. Ni sécurité. Par ici comme par ailleurs, ton regard à travers l'opacité vaporeuse, comme un élixir de déjà-vu. ]

| lire le début : 2287 #1 | 2287 #2 |

"J'aurais voulu que tu meures dans mes bras". Ses mots me frappent d'un coup alors que je pousse la lourde porte du Silex. Le métal grince, et j'entends mon coeur, un peu plus bas, qui s'éteint encore un peu. Mon désir assassin, tranquille, me crie de faire marche arrière. Je la sais. Là-bas. Seule. Face à la fenêtre béante. Et à mes silences pendants. Je la sais silencieuse. Là, dans le brouillard de sa propre existence. Dans la fumée grise de son quotidien. À n'penser à rien. À rien d'autre qu'aux jours qui arrivent. Qui arrivent et qu'elle n'écrira pas. Je la sais là. Au dernier étage de sa tour sans fin. Impossible à libérer. Immobile derrière sa cigarette, transcendée par le vide, et les angoisses qui lui chantent dans l'estomac. Elle part un peu, déjà, alors que les secondes filent dans ma tête. Que mes pas me séparent de son ombre. Et que sa lumière s'égratigne, là, contre la surface vitreuse de l'oubli qu'elle étreint. Je ne la sens plus. Je la sais partie. Et la gerbe me secoue l'oesophage. Dans un coin, je m'épanche et je vide. Le trop-plein des silences malsains. Je ne la sens plus. Déjà. Mais je la sais partie. Entraînée par sa chute, le visage gonflé par les larmes, et mon coeur à la main. Moi aussi, j'aurais voulu pouvoir mourir dans ses bras. Moi aussi j'aurais pu sauter, tu sais.

Seule au comptoir, je fais claquer ma chevalière contre mon verre. Musique industrielle pour désirs cruels, je laisse mon regard s'attarder sur les corps sans noms que je perçois à peine. Sur la laideur de certains visages, auxquels j'aspire avec raison. Rien de tel que de baiser sans passion. Pour un jour sans chaleur. Célébrer l'oubli. Le futur malingre. Conquêtes secrètes que l'on épingle. Pour le jeu, et les tableaux noirs que l'on remplit. Pour le geste. Juste pour le Geste. Et se faire moins mal. Un peu moins mal, tant qu'on le peu. Baiser sans feu. Baisser les armes avec ardeur et faire semblant. Se croire heureux. Le temps d'écrire un peu soi même. Sur les tableaux noirs du futur un peu rude. Une nuit qui n'existe pas. Que l'on inscrit sur une liste. Le temps qui passe. Les regrets que l'on ressasse. Au rythme du plaisir que l'on casse. J't'assure. Sans amour, les mains filent plus beau. Caressent plus dur. Donnent plus sûr. Le coeur, qu'on arrache d'un mot. Quand le matin vient. Et que les draps sentent la torpeur. L'odeur de la peur. Le désir robotique me ronge l'ennuie. Seule au comptoir, j'avale mon verre. En commande un nouveau. S'engouffrer dans la nuit. Sans jamais prétendre un jour s'en réveiller. J'avale le comptoir sans sourciller. Les corps dansent autour de moi. Musique industrielle pour sueur sans chaleur.

Sixième service. Des bras enlacent mon corps. Je ne tique pas. Je ne sourcille plus de rien. L'ivresse m'ennuie. L'ivresse m'endort. Je suis sans savoir. Me laisse emporter sans rien dire. Ma tête cogne un peu contre les parois métalliques. Des bras me portent en rythme. Des mains m'attrapent et me rattrapent. Les yeux fermés, je me balance avec excès. La sueur d'un corps vide effleure mes joues. Mon coeur cogne sans fracas. Le désir automatique remplace l'ennuie. J'embrasse des lèvres. Avale la sève. Mords sans appétit dans un corps. Toujours aussi vide. Me balance avec excès. Toujours aussi fort. Le coeur sans fracas. Dans la poitrine presque ouverte. À battre sans répit. Toujours aussi mort. Moi aussi, j'aurais voulu pouvoir mourir dans ses bras. Moi aussi j'aurais pu sauter, tu sais.

mardi 2 juin 2015

[ MUSIQUE ] ALLER VOIR LA MER, PUIS SAUTER | Blancmange / Talk Tall / The Durutti Column / Soft Cell / Der Plan |


© Andrew Lu.
Parce que le vent a cela d'excitant qu'il ne dure qu'un instant. Parce que les amours ont cela d'éprouvant qu'ils ne vibrent qu'un court moment. Café noir, à vider d'un trait. Renverser le coeur, essuyer le liquide poisseux qui colle à la table, claquer deux s'condes du talon, puis revenir à soi. Revenir à soi après le grand saut. Celui qui n'porte jamais la poisse. Celui qui abîme un peu. Mais qui nettoie l'âme, les restants de l'autre, et tous les artifices. Un soir, le hasard, et s'envelopper des frissons de la nuit. Essuyer le liquide poisseux qui colle à la table. Qui colle aux chaussures. Aller voir la mer, puis sauter. Parce que les vagues ont cela d'excitant qu'elles ne tuent qu'un instant. Puis sentir le feu. Le feu qui consume la peau. Sentir le coeur exploser. Laisser les fleurs derrière soi. Les fleurs asséchées des nuits folles. Les fleurs mortes là sur le sol. Et se réfugier en haut d'un arbre. Un arbre fruitier. Laisser le vent caresser la peau molle, les branches craquer sous le poids, puis les chaussures, encore, qui collent. Le silence, et les pétales qui volent. La fin de l'errance, et les larmes sèches, là sous le voile.



samedi 2 mai 2015

[ TEXTE ] RÉTRO-FUTUR DU SENTIMENT | LES NUITS NOIRES ET LES INSECTES QUI CRAQUENT SOUS LA DENT

© Ren Hang.
Le bruit des autres ne me ramène à rien d'autre qu'à l'absence. Le vide qui remplit l'appartement. Les silences secs qui en plombent son sein. Il pleuvote sur la verrière et j'aimerais pouvoir glisser sur un carreau, moi aussi. Me laisser aller à la douceur d'une tendre descente. Et me laisser m'échouer, sans douleur, sans mauvaise montée, sur la tôle abîmée.  

"Il n'y a qu'une direction à la fuite tangible."

J'avale ma canette de Ginger beer, en me demandant qui me lira. Mon appartement est froid. Mal rangé. Je me demande sans arrêt ce que je fous là. Je pense à Londres, et aux rues album photo. Les paysages souvenirs. Les clichés d'amour. Le premier amour, celui qui pourrait tuer, qui revient, cinq ans après, presque en dansant. Parce que les odeurs retrouvées et le sentir d'une main, un peu trop proche. Alors évidemment, l'estomac qui se tord. Le coeur qui ne répond pas. Et s'attarde au mauvais endroit. Peut-être que si je n'aime pas, que si je n'aime plus, c'est que je ne le veux pas, puis que je n'le peux plus. Bon Dieu ces séries de réflexions idiotes. 

"J'en peux plus de moi."

J'ai entendu ça cette semaine. Je n'sais plus bien de qui. Mais je n'sais surtout plus pourquoi. D'où. Ni comment. Mais je l'ai entendu. Et je n'sais plus si j'en ai ri, ou si j'n'ai simplement rien dit. Le gingembre me pique le palais. Je n'sais pas bien si j'aime ça. Mais je bois tout de même. La douleur, le désir, du pareil du même.

La voisine hurle maintenant. Et les ouvriers, de l'autre côté du couloir, parlent fort, comme à leur habitude, sans jamais se soucier de qui les entend. Polonais. Roumains. Bulgares. Je n'sais pas bien. Mais je les déteste. Sans même les connaître ne serait-ce qu'un peu.

"Ces bêtises de saut dans le vide, un jour ça te jouera des tours."

Évidemment. Car il n'y a qu'en arrêtant de réfléchir que le bonheur peut nous gagner l'esprit. Ne serait-ce que quelques secondes. Drogues, alcools, sexes et délices de bouche en tous genres. Tous là pour la même raison. Pour nous faire oublier. Nous faire nous oublier. Soi-même et mutuellement. Et dans le miroir ne plus discerner. Ni ce qui habite. Ni ce qui quitte. Plonger sa tête dans un seau à glaçons. Mâcher du papier jusqu'à l'inertie buccale. Se gratter la peau et atteindre l'os. Frapper du poing le mur et peindre de son sang. Sur le sol, l'empreinte effacée, de nos rêves décharnés. Sur la porte, les dernières traces de l'espoir égratigné, mis en boule, lancé là comme par hasard, incapable de rebondir une fois de plus, trop tard, trop tôt, à ces histoires gâchées, pas toujours de fin mot.

"J'ai rêvé que je rêvais, je crois.., je crois bien que je disparais."

Je l'ai revue sur la bouche d'une autre. Dans l'accent, la façon de s'exprimer, les expressions et les petits plis qui lui apparaissaient au coin de l'oeil. J'ai revu l'amour, le premier, le plus fort, celui qui reste toujours, là, bien plié dans le fond d'un placard, puis que l'on retrouve, de temps à autre, quand la mélancolie nous prend, qu'il pleut, et que les verrières glissent sous la pluie. Qu'il fait un peu froid et que l'on se sent vide, pas forcément très intacte, un peu abîmée par les années passées, le souffle court, la poitrine qui cogne un peu contre les ciels gris et le silence ravageur. Je l'ai revue. Intacte. Belle comme le jour. Coquette et muette, évidemment. Le sourire grand, l'oeil pétillant, mon amour d'avant. Avant. Avant la nuit, et les insectes qui craquent sous la dent. Maligne, agile, le cheveux soyeux, brun comme l'ébène, la peau lisse comme la soie, se jouant de la vie, devant moi et mon coeur amoureux, encore une fois. Encore et encore, toujours, la dernière fois. 

Je l'ai revue, parce que je l'ai voulue, parce que je l'ai attendue, au détour d'une rue de brique rouge, je l'ai attendue, à la laverie, au restaurant chinois, devant la vitre et les dizaines de canards, accrochés là, comme par erreur. Je l'ai voulue, au sortir du métro, puis sous l'arbre, près des poules d'eau. Dans le sillage de la route, monter dans le bus, me croiser chez Tesco, je l'ai voulue, attendue comme un café fort du matin. Nécessaire, vitale, jouissive. Je l'ai revue, alors, dans mes yeux plein de buée, assourdis par les larmes, qui ne sortaient qu'handicapées. Malingres, pas forcément très sûres d'elles, misérables, fragiles, hésitantes, éternelles.. comme un amour qu'on oublie pas.

"Il n'y a rien de pire que de passer le temps."

J'éternue comme une enfant. Le gingembre me chatouille le nez. J'aimerais poser un patch sur ma poitrine. Pour les mauvais endroits, où je pose mes fesses. Les mauvais arrêts de bus, où je passe le temps. À attendre l'indésirable, à désirer l'impossible. Il n'y a rien de pire que de passer le temps. Simplement, sans attendre des jours qui arrivent l'explosion, l'excitation, le désir frénétique, les bulles légères qui éclatent sur la langue. Il n'y a rien de pire que de se contenter de ce que l'on a. Rien de pire que d'apprendre à apprécier les moments silencieux, les instants incertains, où rien ne bascule jamais. Rien de pire que de ne plus espérer, au coin d'une rue de brique rouge, croiser l'amour d'avant. Avant. Avant les nuits noires et les insectes qui craquent sous la dent. Avant. Avant la chute en avant, les idioties, les bêtes noires qui nous grimpent le long du coeur. La peau rongée, le sang vidé, toujours plus loin, toujours plus fort, ton front rouge de colère et la tête qui frénétiquement cogne dans tous les murs.

Il pleut encore un peu. Et j'ai l'étrange et désagréable impression, que cela fait des heures que l'on nous crache dessus.

jeudi 30 avril 2015

[ POP-UP ] Y'A DES HOLOGRAMMES PARTOUT

Y'a des hologrammes partout. De toi comme de moi. Des plus sombres que d'autres. Des qu'ont pas l'temps. Des qui crient fort. Puis d'autres qui s'assoient là, au hasard, par habitude ou besoin d'faire les choses à moitié. Besoin d'se remettre, deux s'condes, du temps qui passe et des rides qu'on ramasse. À la pelle. La trentaine à fleur de nez. Des hologrammes partout j'te dis. Par centaine. Le bras enfoui dans la mitaine. Coupé de moitié. Le coeur rassasié, un peu éteint. Des hologrammes qui flirtent avec les métros puant, qui écrasent tes chimères vibrantes, d'intellectuel pré-pubère. Des hologrammes par centaines, sur les rails errant. Certains à ton odeur. D'autres qui t'ressemblent un peu. Tous pas forcément posés dans l'sens de la route. Pas forcément parés face aux fausses routes. Celles qui disent rien. Les routes qui t'conduisent pas bien. Puis qui dévient dans la brousse. Dans la jungle des "j'en sais rien". J'pensais qu't'étais rousse. En fait. J'te voulais p-t être un peu douce. Je crois. Pas forcément à mon image. Mais à celle de c'que j'suis plus. Et j'me d'mande souvent. C'qu'on fait là. À s'poser des questions dans l'tas. À s'poser des "pourquoi ?" tout l'temps. Des "comment ?" de grands enfants. À la volée, lancées là juste pour le geste. Parce qu'il est beau, le geste. Parce qu'il tombe de haut. Brandi comme un couteau neuf. Boucher de circonstance. Bouché parce que trop plein. À s'en foutre plein la panse. En travers de la route. Même de celles qui dévient d'trop. À s'lancer des mots qu'on pense pas trop. Pour le test. L'expérience du plongeon. Le geste, j'te dis. Puis s'mordre les doigts. Parce qu'on a plus la foi. Juste quelques secondes. Où l'monde s'écroule. Pour trois fois rien. Parce que les regrets sont rois. Sur la basse terre des "j'en sais rien". La peur de pas r'trouver. Le cocon sein. L'sentiment, l'arrangement sur mesure, qui a fait BOUM dans l'bas du ventre. Et les estomacs qui s'tordent comme des connards. Les hologrammes à la pelle. Et tes corps qui s'emmêlent. Comme des silences qu'on digère mal. Comme des grands vides qu'on avale sales. Parce qu'on sait rien. Qu'on sait plus faire. Qu'on stagne dans la poussière des rêves qu'on a cru faire. Des sourires qu'on a presque esquissés. Des visages qu'on aurait voulu pouvoir dessiner. Mais on s'souvient plus bien. Parce que la nuit, les trous s'bouchent rudes. Par habitude. La bite dure comme l'enfer. Parfaitement accordée au papier peint qu'tu vois à peine. La chatte étouffée et les hanches qu'on serre. Parfaitement soignée la chorégraphie, la vision claire du moment, comme une apparition un peu glaugue, un truc fort qui fait qu'on s'perd pas vraiment. Qu'on s'récupère sur l'trottoir, au coin d'la rue qu'on connaît mais qu'on oublie. Dans la purée de nos envies maudites. De nos envies à gueule de rites. Baiser six minutes. Le temps d'oublier. Qu'demain chahute, à la porte de la culbute. Qu'demain s'ra gris, l'ivresse partie. On s'vomit les uns sur les autres. Les mains sur la poitrine d'une autre. À s'accrocher au bûcher des saltimbanques. Tour de Pise au soleil. Comme un corps branlant, à l'idée d'pas trop pencher. De pas trop vriller. Sous le feu étourdissant. Et les éclats de sang, sous les poings décharnés des ombres qu'on aime trop. Qu'on aime plus bien. Enfin on sait pas. On sait plus. On fait forcément rien. Y'a des hologrammes partout. Je danse sans musique. Parce que dans ma tête. Le souvenir de vos chants. Et les ombres que l'on ment. Les yeux fermés comme un mauvais amant. À baiser les murs tous bien en rang.