samedi 21 mars 2015

[ TEXTE ] DU PERPÉTUEL NON INTÉRÊT DE CE QUI EST ACQUIS


Les oreilles bourdonnent. Dans le sens des aiguilles d'une montre. Le frigo ronronne. Et la montre sonne. Comme à chaque heure. Chaque jour. Pendant peut-être 30 secondes. Peut-être moins, en fait. Elle vient de s'arrêter. Et je n'sais pas bien si j'ai tant compté.
SI J'AI TANT COMPTÉ. À se triturer le cerveau. À se le retourner dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, pour le coup. Parce que compter dans le vide. Ça compterait autant que de ne pas compter dans les grandes lignes ?
SI J'AI TANT COMPTÉ. Les foutaises et les abréviations de coeur. J'éternue. Pollution satanée. J'éternue encore. Et je m'abrège le coeur. Histoire de me calmer l'horloge qui palpite. Là-bas, en haut, sur le mur. Et qui dit plus l'heure. Mais s'il pleuvra, là, sur ton p'tit coeur. Tic. Tac. Le bruit de l'amour. Et du jour. Qui s'attarde un peu sur toi. Puis sur toi. Sur toi aussi. 
Pousser des râles d'énervement. La collection maudite. Comme un mauvais rite. Histoire que rien n'fonctionne comme convenu. Histoire de n'pas trop se mettre un nu. On n'sais jamais. Sur un malentendu. J'aim'rais monter sur le toit. Et voir si je tombe bien. À pic. Comme sans aucun hic. Dans les quotidiens affamés des jeunes pousses que je côtoie. Je râle. Je sais qu'il faut que j'avale. Mais c'est plus fort que moi. J'ai plus la foi. J'me répète. Que c'est malin. La poudre de perlinpinpin. Puis je vomis. Quand plus personne ne regarde. Mais personne ne regarde jamais. Alors je vomis tout le jour. Transparentes fenêtres d'âme. Philosophies de comptoir qui foire. Y'en a marre. Du chocolat et des coeurs en forme de passoire. Des protections de tortues ninja. Des sceptres qui tranchent, un peu. Des jolis visages qui courent dans la rue. Puis de tout ceux que tu n'vois pas. À trop vomir dans la cuvette. 
SI J'AI TANT COMPTÉ. Je réfléchis. Au perpétuel non intérêt de ce qui est acquis. Dont j'use aussi parfois. Qui m'amuse, quand je le vois. Dans l'embrasure de la porte presque fermée. Ou presque ouverte. La bouteille de Volvic vacille. Je n'ai pas de chat, moi. Je crois que c'est mon imagination, qui encore une fois, me joue des tours. L'autre, bien posé dans l'entrejambe, qui me fait tourner en bourrique. Mimiques par milliers. C'est presque la demi-journée. Et je me sens demi-Journey.
SI J'AI TANT COMPTÉ. Je n'entends pas grand chose. Je crois que je suis sourde. Puis gourde, un peu. À me demander comment compter. Combien j'ai compté. Parce qu'on s'en fiche, du vent et des impressions par milliers. Sur les jours parfois doux, parfois amers, dont on se rappelle. Ce dont on n'se fiche. Ce sont des grandes marées. Celles qui percutent. Les sens. Puis les corps, si on est là. Se laisser emporter par la mer. Sans un bras pour nous rattraper. Sans une main pour, une dernière fois, nous aimer. Puis sentir le sel, et la terre qui s'éloigne. Pétrir l'inconnu, du corps qui s'abîme. À mesure que les vagues submergent. Et que les abîmes s'approchent. Recevoir les reproches. Une dernière fois. Les lancer à la volée. Aussi. Et s'engouffrer tête la première. Dans l'eau tourbillonnante. Minauder dans les rêves. Puis se lover dans l'oubli. La trêve. La sève même de l'existence.
SI J'AI TANT COMPTÉ. Je mâche mon chewing-gum sans courtoisie. Mon porte-manteaux a lâché hier. Une pile de manteaux brillants et vestes en tweed de pépé, s'entassent sur mon canapé couleur de vos vins. Je pourrais le ré-installer. Mais je trouve vain, l'effort qui anéantira peut-être ma journée. Le reste de ce qu'il reste à frémir. Ça pourrait être pire. Il me faut recettes et mets coquets. Parce que les repas dominicaux ont bon dos. Froid dans l'dos. Au fond. Les marchés à ne pas manquer. Et les semaines qui se referont suite sans jamais demander. Je suis sourde. Peut-être gourde. Et je me laisse aller quelques minutes. À tenter de percevoir les cris du gamin d'à côté. Rien. Je n'suis peut-être pas là. Au fond. Puis le ciel est gris. Peut-être que tout est fini.



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